mai 2024
La durabilité en action : Linde
Cette étude de cas souligne l’importance d’adopter une perspective systémique en matière de comptabilisation et de communication des données sur les émissions des entreprises, tout en recherchant des solutions réalisables le long du parcours vers la carboneutralité.
Les fabricants de gaz industriel ont la réputation d’être parmi les plus grands émetteurs de carbone. Linde est l’un des plus anciens et des plus importants de ces fabricants, et ses activités englobent le gaz, l’ingénierie, l’approvisionnement et la construction. Pour les investisseurs, les sociétés comme Linde peuvent sembler poser problème dans le contexte de la transition vers la carboneutralité et de ce qu’elle pourrait signifier à long terme pour leurs activités et le cours de leur titre. Nous pensons le contraire. Nous croyons que la société met ce scénario à l’épreuve en montrant comment ses produits aident ses clients à décarboniser leur chaîne d’approvisionnement et à empêcher des millions de tonnes de carbone d’être émises dans l’atmosphère.
L’histoire de Linde montre l’importance de voir au-delà des chiffres et d’adopter une perspective systémique en matière de comptabilisation et de communication des données sur les émissions, tout en recherchant dessolutions réalisables le long du parcours vers la carboneutralité. La transition sera complexe, non linéaire et multidimensionnelle, et les investisseurs doivent le comprendre lorsqu’ils examinent les entreprises, sinon ilss’exposeront à des risques supplémentaires et manqueront des occasions. Linde est un exemple probant qui montre pourquoi il est essentiel d’approfondir notre compréhension d’une société au moyen d’une recherche fondamentale et d’un engagement réfléchi.
Pour les investisseurs, la communication de l’information sur les émissions joue un rôle essentiel dans la transition vers l’abandon du carbone, et la communication de l’information sur les émissions de portée 1 et 2 (c.-à-d. les émissions directes de sources détenues ou contrôlées et les émissions indirectes issues de la production d’énergie achetée) est cruciale. Les données sur les émissions publiées par les sociétés font également l’objet d’une surveillance réglementaire accrue : De nombreux territoires sont maintenant tenus par la loi de communiquer l’information sur les émissions de carbone ainsi que sur d’autres impacts environnementaux et sociaux. Toutefois, pour les parties prenantes du monde des affaires qui exigent une plus grande transparence en matière d’impacts environnementaux et sociaux, ces mesures n’expliquent pas toujours tout. Par exemple, elles peuvent ne pas saisir toute l’ampleur de l’impact environnemental d’une société, y compris l’incidence indirecte de ses produits et activités sur les émissions à l’échelle de la chaîne de valeur.
Nous croyons que le contexte dans lequel on examine l’empreinte carbone d’une société et son effet sur l’ensemble de la chaîne de valeur est important lorsqu’on évalue ses progrès vers l’atteinte de la carboneutralité et son intérêt du point de vue de la valorisation. Lorsqu’elles sont examinées isolément, les données sur les émissions de Linde semblent brosser le tableau d’un géant industriel qui émet des gaz à effet de serre nocifs tout en créant des produits qui servent d’intrants pour d’autres grands émetteurs de carbone. Toutefois, lorsque ces données sont examinées dans le contexte de la chaîne de valeur de Linde et des marchés qu’elle dessert, nous obtenons un portrait très différent.
Par exemple, en 2022, Linde a émis 38,8 millions de tonnes métriques de CO2, mais c’est là un portrait bien sommaire. Lors de nos discussions avec la société, la direction nous a rappelé le rôle que jouent les produits de Linde dans l’économie en général. Parmi ces produits, on compte l’oxygène médical pour les hôpitaux, l’azote pourlessemi-conducteurs, l’azote liquide pour la congélation des aliments, le krypton pour isoler lesfenêtres et l’hydrogène pour produire des carburants plus propres. Les gaz à l’air améliorent l’efficacité énergétique, augmentent la durée de conservation et contribuent à éliminer ou à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Dans l’ensemble, les produits et les technologies de Linde ont contribué à éviter que 90 millions de tonnes métriques de carbone (plus de deux fois les émissions de la société au cours de la même année) soient émises dans l’atmosphère par d’autres acteurs de la chaîne de valeur. Une bonne façon de penser à la mesure des émissions absolues dans ce contexte est donc de tenir compte non seulement du carbone émis par des sources directement détenues et contrôlées par la société, mais aussi de l’impact des activités ou des produits de la société surles émissions totales à l’échelle de la chaîne d’approvisionnement.
À notre avis, ces émissions évitées sont pertinentes dans notre évaluation de Linde, en particulier lorsque nous examinons le succès à long terme de la société dans le contexte de la transition vers la carboneutralité.
Pour atteindre les objectifs d’atténuation des émissions de carbone, il est particulièrement important que nous comprenions mieux l’impact en termes absolus des acteurs sur leurs chaînes d’approvisionnement respectives. Pour ce faire, nous devons aller au-delà de l’analyse des données des émissions de portée 1 et 2 et adopter une vision plus globale de l’impact de certains des plus grands émetteurs de carbone, y compris la réduction des émissions imputables à leurs produits ou services.
Le processus de décarbonisation de la chaîne de valeur et d’atteinte de la carboneutralité sera complexe. Entre autres mesures, ce processus comprendra :
En tenant compte de ces facteurs lorsque nous cherchons à comprendre les objectifs de transition de Linde, nous pouvons brosser un portrait plus complet de la société. Par exemple, en 2022, l’oxygène produit par Linde a aidé les aciéries à effectuer une production industrielle plus écoénergétique tout en empêchant l’émission de 10 millions de tonnes métriques de carbone. L’hydrogène que la société a produit a également aidé les raffineries de pétrole à fabriquer du diesel à très faible teneur en soufre, ce qui a empêché l’émission de 63 millions de tonnes métriques de CO2. De plus, Linde a mené le tout premier essai commercial d’utilisation de l’hydrogène comme combustible pour le traitement thermique de l’acier à faible teneur en carbone et elle construit actuellement le plus grand électrolyseur de l’eau à membrane échangeuse de protons (MEP), un dispositif qui utilise l’électricité pour décomposer l’eau en molécules d’hydrogène et d’oxygène dans le processus d’électrolyse. Les MEP pourraient permettre l’utilisation à grande échelle de l’hydrogène – une solution de rechange plus propre aux combustibles fossiles comme le charbon – dans le processus de fabrication des industries à forte intensité carbone comme la fabrication d’acier. Si l’énergie utilisée pour créer de l’hydrogène à partir de ce processus provient de sources renouvelables, l’empreinte carbone de l’acier fabriqué à l’aide de l’hydrogène fourni par Linde sera considérablement réduite.
Si nous comprenons les complexités de la transition énergétique, nous pouvons mieux évaluer Linde. Pour certains investisseurs, la société peut sembler, comme nous l’avons dit, un géant des émissions qui représente un risque important pour les objectifs de décarbonisation et les rendements de leur portefeuille. Toutefois, nous croyons que la réalité est différente. Linde a commencé à prendre des mesures environnementales avant-gardistes qui pourraient la placer dans une position favorable dans la course à la transition vers la carboneutralité.
Linde s’est fixé des cibles ambitieuses de réduction des émissions de carbone et semble en voie de les atteindre. Bien que le secteur des produits chimiques n’ait pas encore arrêté ses lignes directrices, la société s’est engagée à fixer une cible fondée sur des données scientifiques au cours des deux prochaines années. Linde s’est jointe au groupe de consultation des parties prenantes afin d’élaborer des directives sectorielles qui contribueront à ce résultat. Ses autres cibles sont les suivantes:
Comme le secteur du gaz industriel se classe parmi les plus grands émetteurs de CO2 au monde, il y a un risque qu’en ne tenant compte que des données standards, les investisseurs négligent certaines des caractéristiques environnementales sous-jacentes positives de Linde. Selon nous, la société a établi des cibles ambitieuses et réalisables et a contribué à la décarbonisation des chaînes d’approvisionnement de ses clients, empêchant ainsi l’émission de millions de tonnes de CO2. Cette étude de cas met en lumière le pouvoir de la participation et de l’engagement actifs, ainsi que la valeur fournie par la recherche fondamentale dans le but de comprendre les occasions et les risques que présentent les facteurs de durabilité, dont le climat. Nous croyons que la transition énergétique permettra à Linde de soutenir son profil de croissance tout en améliorant ses compétences en matière de climat grâce à son intensité moindre en GES. Nous continuerons de travailler en étroite collaboration avec Linde dans la transition vers la carboneutralité.
MFS peut intégrer des facteurs environnementaux, sociaux ou de gouvernance (ESG) à son analyse fondamentale des placements etàses activités de mobilisation lorsqu’elle communique avec les émetteurs. Les exemples fournis ci-dessus montrent plusieurs façons dont MFS a historiquement intégré les facteurs ESG à l’analyse ou aux activités de mobilisation auprès de certains émetteurs. Ils ne doivent pas être considérés comme indiquant que les placements ou la mobilisation donneront des résultats positifs dans toutes les situations ou dans une situation en particulier. Les activités de mobilisation consistent généralement en un dialogue qui se poursuit sur une longue période; elles n’entraînent pas toujours une modification des pratiques liées aux facteurs ESG d’un émetteur. Les résultats des émetteurs dépendent de nombreux facteurs; les résultats favorables des placements ou des activités de mobilisation, y compris ceux décrits ci-dessus, peuvent ne pas être liés à l’analyse ou aux activités de MFS. La mesure dans laquelle MFS intègre les facteurs ESG à l’analyse des placements et aux activités de mobilisation varie selon la stratégie, le produit et la catégorie d’actif; elle peut aussi varier au fil du temps. Par conséquent, les exemples ci-dessus peuvent ne pas être représentatifs des facteurs ESG utilisés dans la gestion du portefeuille d’un investisseur donné. Les renseignements ci-dessus de même que les sociétés ou les titres mentionnés ne doivent pas être considérés comme des conseils en placement, des recommandations d’achat ou de vente d’un titre ou une indication des opérations prévues à l’égard de tout produit de placement de MFS.
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