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Sujets mensuels sur les marchés boursiers

Un examen des tendances et des dynamiques des marchés boursiers mondiaux.

Ross Cartwright
Stratège principal,
Groupe des stratégies et analyses

 

 

 

Composer avec l’univers des actions américaines

Les projecteurs sont résolument tournés vers les États-Unis dans un contexte où les marchés, stimulés par l’anticipation d’une administration dirigée par Donald Trump, ont connu une forte hausse au lendemain de l’élection, renforçant une économie déjà robuste. À notre avis, cet optimisme s’explique par les promesses d’une baisse des impôts, d’une déréglementation et de tarifs protectionnistes visant à soutenir le secteur manufacturier américain. L’emballement est palpable et ces promesses sont de plus en plus prisées par les analystes. De son côté, l’Europe semble avoir manqué l’invitation, la confiance des investisseurs sur le continent étant nettement plus faible, principalement à cause des difficultés économiques en Allemagne et de la stagnation politique en France. Toutefois, des pays comme l’Espagne et la Grèce, ainsi que certaines parties de l’Europe de l’Est, montrent des signes prometteurs de santé économique.

Selon FactSet, le ratio C/B prévisionnel est de 22 fois pour l’indice S&P 500 et de 13 fois pour l’indice MSCI Europe. Comme l’indice S&P 500 a progressé de 26 % en 2023 et d’encore 30 % depuis le début de l’année, et que le BPA devrait croître de 14 % l’an prochain, il est clair que le marché américain justifie une prime. Toutefois, comme les évaluations tiennent déjà compte des attentes élevées, les investisseurs américains devraient s’attendre à des rendements de l’ordre de 15 % à 16 % en 2025, alignés sur la croissance des bénéfices et des dividendes. Même si la dynamique du marché américain demeure solide, le déploiement des politiques de la nouvelle administration – et les influences qui les façonnent – reste à voir. Il est difficile de composer avec ce contexte avec certitude, en particulier lorsque nous surveillons les changements potentiels dans les taux à 10 ans.

De l’autre côté de l’Atlantique, les faibles attentes de l’Europe contrastent avec les prévisions de croissance des bénéfices d’environ 8 % et de 3 % supplémentaires en dividendes pour 2025, ce qui laisse entrevoir un rendement total de 11 % à 12 %. Plusieurs catalyseurs pourraient entraîner une réévaluation des marchés européens :

  • Une résolution en Ukraine pourrait stabiliser la région et réduire les coûts de l’énergie.
  • L’amélioration de l’économie chinoise pourrait stimuler les bénéfices en Europe, surtout si cela s’accompagne d’un soutien budgétaire supplémentaire.
  • Les prochaines élections en Allemagne pourraient mener à des réformes budgétaires et à un assouplissement des restrictions strictes en matière de déficit budgétaire.
  • Des tendances positives pour les salaires réels et des baisses de taux potentielles par la Banque centrale européenne (BCE) pourraient encourager les dépenses de consommation, qui ont été faibles.
  • La baisse des taux par la BCE pourrait avantager les sociétés européennes, car celles-ci sont beaucoup plus exposées aux titres de créance à taux variable que les sociétés américaines.
  • Les évaluations intéressantes pourraient permettre à des sociétés européennes de devenir des cibles de choix en matière de fusions et d’acquisitions.

Pour les investisseurs américains, la vigueur du dollar américain est un facteur déterminant lorsqu’ils tiennent compte des rendements ailleurs qu’aux États-Unis. Même si le billet vert s’est raffermi après les élections, les répercussions plus larges des politiques américaines, y compris les mesures de la Réserve fédérale (Fed), joueront un rôle crucial dans sa trajectoire. Le statut de monnaie de réserve mondiale du dollar américain, associé à la forte demande d’actifs financiers américains, pourrait continuer d’exercer une pression à la hausse sur le billet vert, bien qu’un dollar plus faible pourrait améliorer le déficit commercial, que la future administration cherche à améliorer.

Un secteur manufacturier américain prêt au décollage 

La semaine dernière, les indices relatifs aux attentes des banques de la Réserve fédérale de Richmond, de Dallas et de Philadelphie concernant le secteur manufacturier se sont tous résolument améliorés. À notre avis, c’est un bon signe pour une amélioration de l’indice des directeurs d’achats du secteur manufacturier américain. Le redressement des indices des directeurs d’achats américain est généralement un signal positif pour les actions, en particulier pour celles de moindre qualité plus risquées ou à bêta plus élevé. Il y en a quelques preuves, les actions de sociétés à petite capitalisation ayant progressé en raison des attentes de reprise des bénéfices. 

Cependant, comme c’est le cas pour beaucoup de choses depuis la pandémie, tout ne semble pas suivre une trajectoire « normale ». Les écarts de taux sont déjà extrêmement serrés, les marchés se sont redressés et les évaluations ont progressé tout au long de l’année, car on n’a pas tenu compte des risques macroéconomiques et on a privilégié la croissance et les bénéfices par rapport à l’inflation, et ce, avant que les indices des directeurs d’achats du secteur manufacturier ne connaissent une reprise notable susceptible de stimuler l’appétit pour le risque. 

En règle générale, la prudence est de mise lorsque la confiance est si élevée et que les perspectives de l’économie américaine semblent unanimes. Nous doutons de la capacité du marché à mettre en œuvre une nouvelle remontée de l’appétit pour le risque, compte tenu de notre situation actuelle, les investisseurs ayant apparemment fait fi de la plupart des préoccupations qui concernent les marchés boursiers américains. Si l’attention se tourne vers une inflation qui demeure plus élevée que souhaité et qui fait grimper les taux à 10 ans, cela pourrait s’avérer problématique pour le marché boursier. Le marché peut facilement composer avec une inflation se situant dans une fourchette de 3 % à 4 %, mais l’incertitude demeure quant à la façon dont la Fed réagira. Selon nous, il est aussi inapproprié, compte tenu de la situation actuelle, d’accroître le risque et le bêta en prévision d’une expansion continue des ratios, comme c’est habituellement le cas dans un cycle de hausse de l’indice des directeurs d’achats du secteur manufacturier. Même s’il pourrait y avoir d’autres occasions supplémentaires à saisir dans l’ensemble des sociétés à petite, à moyenne et à grande capitalisation, il est important de se concentrer sur les bénéfices de qualité supérieure et les sociétés ayant des perspectives de bénéfices stables et solides ainsi que des révisions des bénéfices positives.

 

Les opinions exprimées dans le présent document sont celles du Groupe des stratégies et analyses de MFS au sein de l’unité de distribution de MFS et peuvent différer de celles des gestionnaires de portefeuille ainsi que des analystes de recherche de MFS. Ces opinions peuvent changer sans préavis et ne doivent pas être interprétées comme des conseils de placement, des recommandations de titres ou une indication d’intention de placement du conseiller au nom de MFS. Les prévisions ne sont pas garanties. 

La diversification ne garantit pas un gain ou une protection contre les pertes. Le rendement passé n’est pas garant du rendement futur.

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