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Sujets mensuels sur les marchés boursiers

Un examen des tendances et des dynamiques des marchés boursiers mondiaux.

AUTEUR

Ross Cartwright
Stratège principal,
Groupe des stratégies et analyses

 

Past Installment
septembre 2024

En résumé

  • Le budget du Royaume-Uni va-t-il stimuler le marché boursier?
  • Les consommateurs gardent les deux mains sur le volant de l’économie. 
  • Qu’en est-il de l’or depuis les banquettes arrières?

Qu’est-ce que le budget du Royaume-Uni signifie pour les investisseurs?

Depuis mon bureau de Londres, il serait négligent d’ignorer le premier budget du gouvernement travailliste du Royaume-Uni en près de dix ans et demi. Ce budget signale un assouplissement sensible des contraintes budgétaires malgré une hausse de l’impôt, principalement en raison de l’augmentation des cotisations des employeurs à l’assurance nationale, qui vise à soutenir les dépenses élevées. À court terme, ces dépenses pourraient bien stimuler la croissance, mais avec le risque d’exercer des pressions à la hausse sur l’inflation et les taux des obligations d’État.

La première réaction des marchés a été une réaction de retenue, révélatrice du flux de nouvelles prébudgétaires provenant de la chancelière de l’Échiquier. Toutefois, les marchés des obligations d’État ont adopté une position plus défavorable après la publication, le lendemain, d’un rapport du Bureau pour la responsabilité budgétaire (Office for Budget Responsibility, OBR), qui expliquait l’ampleur des emprunts à venir. L’évolution des prix ne rivalise pas avec l’épisode de Liz Truss il y a deux ans, lorsque les obligations d’État sont montées en flèche. Toutefois, la hausse des coûts d’emprunt et la dépréciation de la livre sterling ont laissé les investisseurs aux prises avec la perspective d’un contexte de taux d’intérêt structurellement élevés.

En ce qui concerne les actions, nous croyons que les prévisions consensuelles laissent entrevoir une résilience face à la hausse des taux d’imposition et d’intérêt. Néanmoins, le pronostic à long terme de la croissance dépend de la capacité des dépenses en immobilisations supplémentaires à surmonter des défis importants comme la baisse de la productivité, les infrastructures de transport déficientes ainsi que les défis posés par les changements climatiques, la défense et les progrès technologiques. Si l’augmentation des investissements marque un progrès, elle ne répond pas au mantra de la chancelière Rachel Reeves, qui a appelé à « investir, investir, investir ». La stratégie ressemble davantage à une approche conventionnelle de type « imposer et dépenser », car la majeure partie des nouveaux emprunts sont affectés aux dépenses courantes.

Pour que le gouvernement obtienne la latitude budgétaire nécessaire pour accroître les investissements, nous estimons qu’il doit créer un contexte qui favorisera les investissements du secteur privé. Une telle approche est essentielle pour se libérer de la trajectoire de faible croissance afin de stimuler les marchés boursiers britanniques.

C’est l’affaire des consommateurs 

Le contexte macroéconomique propice demeure favorable aux actifs risqués. L’inflation continue de ralentir et, même si elle pourrait ne pas atteindre bientôt les 2 % souhaités, elle est suffisamment proche de la cible pour que les sociétés puissent s’en accommoder. Les taux des liquidités diminuent, car les banques centrales cherchent à rapprocher leurs taux directeurs de ce qu’elles considèrent comme neutre par rapport à leur contexte restrictif actuel. Les données sur le PIB demeurent solides, la France et l’Allemagne ayant toutes deux dépassé les attentes, mais nous demeurons prudents à l’égard de ces deux économies. La Chine fait également face à des difficultés, et beaucoup de choses dépendent des mesures budgétaires qu’elle s’apprête à mettre en place. L’emploi et les salaires demeurent robustes, mais la volatilité des salaires des employés non agricoles aux États-Unis en raison des révisions, des grèves et des ouragans ne permet pas de se faire une idée précise de la situation. À en juger par le resserrement des écarts de taux, certains investisseurs en titres à revenu fixe ne semblent pas avoir de grandes préoccupations à l’égard des flux de trésorerie ou de la rentabilité des sociétés. 

Cela nous amène au consommateur, qui maintient le train sur les rails. Si l’on examine les indices des directeurs d’achats, les secteurs de la fabrication et de la construction sont en difficulté, et même si l’économie des biens est léthargique, c’est la robustesse de l’économie des services qui continue de stimuler la croissance. Les récentes données sur le PIB des États-Unis, qui ont été tirées par les services et l’administration publique, l’ont démontré une fois de plus. Les salaires réels et les faibles niveaux de chômage continuent de soutenir la consommation. Les ménages à revenu moyen et élevé, qui sont les principaux moteurs de la consommation, demeurent solides. Toutefois, certains signes indiquent que les consommateurs à faible revenu et plus jeunes sont sous pression. Malgré tout, ils devraient être parmi les principaux bénéficiaires de la baisse des taux d’intérêt. 

La poursuite de la croissance pourrait déclencher de nouvelles pressions inflationnistes. La faiblesse persistante de la demande de pétrole atténue ce risque, mais le risque de perturbations de l’offre au Moyen-Orient ne peut être écarté. Les États-Unis produisent plus d’énergie que ce dont ils ont besoin, et l’OPEP prolonge ses réductions de production pour maintenir les prix à des niveaux élevés. Du côté du chômage, la baisse des postes vacants fait grimper le taux de chômage plus que les mises à pied importantes. Toutefois, la baisse des postes vacants ne concorde pas avec les pressions inflationnistes.

Tout cela brosse un tableau favorable pour les actifs risqués, comme les actions. Les signes continus de l’ampleur des bénéfices qui reviennent sur le marché au fur et à mesure que la période de publication des résultats se poursuit renforcent la santé du marché des actions. Cela ne veut pas dire que nous sommes dans une période de risque au début du cycle. Depuis l’assouplissement quantitatif, les taux à zéro et la pandémie de COVID-19, nous sommes pris dans cette dynamique de marché du sommet à la fin du cycle, à laquelle manque la destruction créatrice d’un cycle économique classique. Si une plus grande envergure offre aux investisseurs plus d’occasions de rendements supérieurs au-delà de l’IA et des sept magnifiques, il faut tout de même repérer de bonnes entreprises présentant des facteurs structurels favorables. Compte tenu des niveaux élevés du ratio C/B de l’indice S&P 500, nous croyons que les investisseurs devraient se concentrer sur les bénéfices plutôt que sur les ratios pour stimuler les cours boursiers. 

Tout ce qui brille

L’or a fait les manchettes après une hausse de 33 % depuis le début de l’année. Traditionnellement, il est considéré comme une protection contre l’inflation, la dévaluation des devises et la baisse du dollar américain, ou comme une valeur refuge en période d’incertitude. Il est peut-être la couverture par excellence. Alors, pourquoi se redresse-t-il et que faire maintenant? 

Plusieurs raisons peuvent expliquer la solide performance récente de l’or. Après de longues années passées à ne pas faire grand-chose – et, franchement, à ne pas fonctionner comme couverture –, l’or a été sous-pondéré par les investisseurs institutionnels, mais cela semble changer, en partie en raison de la dynamique, mais aussi pour d’autres raisons, comme celles décrites ci-dessous. 

  • Les banques centrales achètent de l’or pour diversifier leurs actifs par rapport au dollar américain, en particulier les banques centrales du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), qui cherchent activement à mettre fin à l’hégémonie du dollar et qui se sentent vulnérables en détenant des billets verts après la saisie des réserves de dollars de la Russie à la suite de l’invasion de l’Ukraine.
  • Il y a eu une dépréciation des monnaies fiduciaires, et les politiques budgétaires des gouvernements sont expansionnistes. 
  • Il existe des préoccupations géopolitiques, allant des tensions commerciales aux guerres ouvertes.
  • La crise immobilière et le ralentissement économique en Chine, ainsi que la répression des flux transfrontaliers, ont entraîné une hausse constante de la demande dans la région de l’Asie. 
  • L’Inde a toujours été un acheteur d’or en raison de son importance culturelle. L’essor de l’économie indienne au cours des dernières années a entraîné une augmentation de la demande pour ce métal précieux.
  • L’or a le vent dans les voiles, car le prix continue d’augmenter, ce qui attire un plus grand nombre d’investisseurs. 

Toutefois, selon le World Gold Council (WGC), les banques centrales ont ralenti leurs achats d’environ 49 %, soit leur plus bas niveau en deux ans. La hausse du prix de l’or a également freiné la demande de bijoux, qui, selon la WGC, représente 40 % de la demande mondiale. La demande de bijoux a reculé de 7 % au troisième trimestre. 

Il y a trois variables clés à comprendre dans l’évaluation d’un placement : les flux de trésorerie, la croissance et le risque. L’or est particulièrement difficile à évaluer, car il n’a pas de flux de trésorerie, de sorte que les investisseurs doivent se concentrer sur la croissance de la demande pour faire grimper les prix et tenir compte des risques liés à cette croissance. Des modèles ont été conçus pour tenter d’évaluer l’or. Ceux-ci sont souvent liés à des variables macroéconomiques comme les taux réels (avec lesquels l’or a traditionnellement été fortement corrélé), mais au cours des dernières années, peu d’entre elles ont été utiles. 

Le repli des banques centrales et le ralentissement de la demande de bijoux pourraient freiner la croissance, et nous pourrions observer une zone de turbulence à court terme. Cela dit, l’or poursuit sur sa lancée, ce qui laisse entrevoir une demande soutenue pour le métal en tant que couverture dans les portefeuilles.

 

Les opinions exprimées dans le présent document sont celles du Groupe des stratégies et analyses de MFS au sein de l’unité de distribution de MFS et peuvent différer de celles des gestionnaires de portefeuille ainsi que des analystes de recherche de MFS. Ces opinions peuvent changer sans préavis et ne doivent pas être interprétées comme des conseils de placement, des recommandations de titres ou une indication d’intention de placement du conseiller au nom de MFS.

La diversification ne garantit pas un gain ou une protection contre les pertes. Le rendement passé n’est pas garant du rendement futur.

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