
mars 2025
Sujets mensuels sur les marchés boursiers
Un examen des tendances et des dynamiques des marchés boursiers mondiaux.
Ross Cartwright
Stratège principal
Groupe des stratégies et analyses
Past Installment
janvier 2025
Des événements récents ont suscité des inquiétudes chez les investisseurs quant aux répercussions potentielles de l’incertitude politique et économique entourant les politiques du gouvernement de Donald Trump et à la réévaluation du développement de l’infrastructure liée à l’IA. Les données économiques publiées aux États-Unis au cours des dernières semaines envoient des messages contradictoires, ce qui a accru l’incertitude, tandis que les marchés européens se sont bien comportés, mais pas sans leurs propres risques exogènes.
1. Dynamique des marchés et prime d’incertitude liée aux politiques de Donald Trump
Les délestages observés ces dernières semaines sont principalement attribuables au renversement de la tendance des actions américaines onéreuses et à l’aversion croissante pour le risque de la part des investisseurs, laquelle est exacerbée par l’incertitude entourant les politiques budgétaires du gouvernement de Donald Trump, les droits de douane et les perspectives incertaines d’un accord de paix avec l’Ukraine. De plus, l’augmentation des taux d’épargne dans un contexte de recrudescence des craintes d’inflation pourrait être le signe d’une inquiétude croissante des consommateurs.
2. Indicateurs économiques et réactions des marchés
Les rendements des obligations du Trésor américain à 10 ans ont diminué au cours du dernier mois, le marché étant de plus en plus préoccupé par les perspectives de croissance. L’absence de réaction du marché boursier face à la baisse des rendements témoigne de l’importance pour les investisseurs de se concentrer sur les bénéfices déclarés plutôt que sur les attentes, compte tenu des signaux contradictoires envoyés par les données économiques, notamment l’effet janvier, avec un regain d’inflation au début de l’année, et de l’incidence de facteurs externes comme les conditions météorologiques et les feux de forêt en Californie. Le redressement des indices des directeurs d’achats du secteur manufacturier par rapport à leurs creux de septembre est favorable, car il est habituellement corrélé avec un rendement positif du marché. Si cette progression perdure, ce qui signifierait qu’elle ne résulte pas d’une anticipation des droits de douane, cela pourrait être une bonne nouvelle pour l’ampleur du marché.
3. Rendement sectoriel et occasions de placement
Des signes de résilience ont été observés. L’indice S&P 500 et l’indice MSCI Monde équipondéré sont en territoire positif et ont surpassé leurs homologues pondérés en fonction de la capitalisation depuis le début de l’année.
Le rendement des principaux indices, comme l’indice S&P et l’indice MSCI Monde, est fortement influencé par les titres des « sept magnifiques », qui ont récemment affiché une variation notable des rendements, comme en témoigne l’important écart de 40 % constaté depuis le début de l’année entre le titre le plus performant, celui de Meta, et le moins performant, celui de Tesla. Malgré des modèles d’affaires différents, les sept magnifiques continuent d’être reconnus comme des chefs de file dans leurs domaines respectifs. Toutefois, la surveillance accrue de la monétisation de l’intelligence artificielle (IA) et les transformations induites par des innovations comme DeepSeek indiquent que ce domaine est en pleine mutation. Même si les perspectives à long terme de l’IA demeurent prometteuses, les évaluations élevées dans l’ensemble du secteur donnent à penser que le marché a peut-être des attentes à court terme trop optimistes.
Selon le ratio dépenses en immobilisations/ventes, les sociétés à très grande échelle comptent maintenant parmi les sociétés à plus forte intensité de capital du marché, après les services publics, et doivent passer d’une approche à faible intensité de capital à la gestion d’importantes dépenses en immobilisations et des coûts de dépréciation associés à ce modèle. Cette transition pourrait modérer leur rendement, car elles vont devoir s’ajuster à ces nouvelles réalités financières. Les prévisions de croissance des bénéfices demeurent élevées, mais nous pourrions connaître une période d’absorption des attentes élevées à court terme. Comme lorsque les téléphones intelligents ont révolutionné Internet, l’évolution rapide de la technologie nécessite une stratégie de placement vigilante et adaptable.
Dans ce contexte, l’incertitude entourant la croissance des bénéfices liés à l’IA, conjuguée à une reprise des bénéfices des sociétés ne faisant pas partie de l’écosystème de l’IA, représente une occasion pour les gestionnaires actifs axés sur les paramètres fondamentaux. Si cette analyse s’avère exacte et que les sept magnifiques traversent une période d’absorption des évaluations, une telle transition pourrait éliminer une difficulté pour la gestion active, rendant les conditions plus équitables. Dans ce contexte, les investisseurs devront peut-être revoir le niveau de concentration de leurs portefeuilles. L’évaluation deviendra alors cruciale. Les investisseurs doivent se concentrer non seulement sur le prix (c.-à-d. des actions à faibles ratios), mais aussi sur la valeur, en acquérant des actions à des prix raisonnables possédant un potentiel de bénéfices futurs. Nous continuons de privilégier les sociétés résilientes de qualité supérieure, qui pourraient offrir une protection contre certaines des incertitudes mentionnées ci-dessus.
4. Marchés européens : de l’ombre à la lumière
Depuis le début de 2025, les actions européennes ont inscrit des rendements remarquables, surpassant les actions américaines. Plusieurs facteurs ont contribué à cette tendance. Toutefois, ce sont les prévisions de bénéfices qui ont eu la plus forte incidence, car elles sont demeurées stables en Europe, mais ont fléchi aux États-Unis au cours des trois derniers mois. L’Europe profite également du fait que la Banque centrale européenne semble disposer d’une plus grande marge de manœuvre pour assouplir sa politique monétaire que la Réserve fédérale américaine. Cette situation est avantageuse pour les sociétés européennes, qui ont tendance à être plus sensibles aux baisses du taux directeur. L’incertitude politique s’est atténuée dernièrement, les élections allemandes s’étant déroulées comme prévu et la France ayant réussi à faire adopter son budget de 2025 par son parlement divisé. Le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz a pris le parti de faire ce qui est nécessaire, quoi qu’il en coûte, une décision qui devrait entraîner une augmentation considérable des dépenses publiques de la plus grande économie d’Europe, ainsi qu’une augmentation des dépenses de défense à l’échelle du continent. Enfin, ces dernières années, les investisseurs internationaux ont boudé les titres européens, ce qui donne à penser qu’une normalisation des flux de capitaux pourrait être favorable à la région. Toutefois, compte tenu de l’intensification des tensions commerciales, la perspective des droits de douane américains pourrait constituer un obstacle, tout comme l’échec des pourparlers de paix en Ukraine. Ces deux facteurs de risque demeurent élevés et pourraient rapidement éroder la confiance.
Il est conseillé aux investisseurs de tenir compte de ces facteurs dans l’évaluation de leur exposition aux marchés européens, qui pourraient encore receler de la valeur.
5. Droits de douane : qui en assume le coût?
Le 4 mars, les États-Unis ont mis en place des droits de douane de 25 % sur les importations en provenance du Canada et du Mexique et ont augmenté les droits de douane sur les importations chinoises à un taux moyen de près de 30 %. Au-delà des effets généraux sur la croissance économique, l’incidence des droits de douane sur les bénéfices des sociétés demeure incertaine. Puisqu’il s’agit d’une taxe, il faut déterminer qui en assume le coût au bout du compte. Plusieurs facteurs doivent être pris en compte dans cette analyse : l’organisation de la fabrication et de la chaîne d’approvisionnement de chaque société pour divers produits, la capacité des sociétés à fixer les prix, la mesure dans laquelle les exportateurs peuvent absorber les coûts dans leurs marges bénéficiaires, les effets des fluctuations des devises, la capacité des importateurs à absorber les coûts, la disponibilité de produits de remplacement et l’élasticité de la demande des produits concernés.
Si les sociétés peuvent répercuter les droits de douane sur les consommateurs sans que la demande ne se détériore considérablement, elles le feront probablement. Dans la mesure du possible, les coûts seront partagés entre les exportateurs et les importateurs, ce qui réduira leurs marges bénéficiaires. La dépréciation des devises pourrait apporter un certain répit, mais peut-être seulement à court terme. Avec la mise en place des droits de douane, il est d’autant plus important de sélectionner les titres et de bien connaître les entreprises que vous détenez.
L’évolution récente des cours témoigne de cette difficulté à savoir qui assumera le coût des droits de douane. Sur le plan sectoriel, il ne semblait pas que les investisseurs évitaient spécifiquement les importateurs; ils fuyaient généralement le risque.
Les opinions exprimées dans le présent document sont celles du Groupe des stratégies et analyses de MFS au sein de l’unité de distribution de MFS et peuvent différer de celles des gestionnaires de portefeuille ainsi que des analystes de recherche de MFS. Ces opinions peuvent changer sans préavis et ne doivent pas être interprétées comme des conseils de placement, des recommandations de titres ou une indication d’intention de placement du conseiller au nom de MFS.
La diversification ne garantit pas un gain ou une protection contre les pertes. Le rendement passé n’est pas garant du rendement futur.